Benjamin Geer

Tondauer

Benjamin Geer

En 2020 j’ai commencé un projet qui s’appelle Tondauer, pour faire des éditions de partitions sous licence Creative Commons. C’est arrivé à cause du confinement lié au Covid-19 cette année-là. J’apprenais à jouer le Prélude Op. 104a, n° 2 (MSV U 123) de Felix Mendelssohn, parce qu’il convenait bien à mon sentiment de frustration et à mon humeur agitée à l’époque.

J’ai commencé par une édition du XIXe siècle qui pouvait être téléchargée gratuitement. Puis j’ai acheté une édition qui proposait des doigtés, et je me suis demandé pourquoi elle avait des notes différentes. J’ai cherché sans succès le manuscrit du compositeur, ne trouvant qu’un brouillon antérieur. Ayant lu la biographie de Mendelssohn écrite par R. Larry Todd, je lui ai envoyé un mail pour lui demander s’il savait où se trouvait le manuscrit de la version finale. Il m’a répondu que celui-ci n’avait pas été trouvé. Cela signifiait que les seules sources étaient les premières éditions, publiées après la mort du compositeur.

En travaillant dans le domaine des humanités numériques, j’avais appris quelque chose sur la façon dont les éditions critiques sont réalisées. J’ai donc décidé de faire ma propre édition critique. Pendant plusieurs mois, au fur et à mesure de la réouverture des bibliothèques et des archives, j’ai reçu des reproductions numériques des deux premières éditions, une allemande et une britannique. Les deux éditeurs avaient travaillés ensemble pour les publier simultanément, mais elles ne contenaient pas non plus les mêmes notes. Dans mon édition, j’ai essayé d’expliquer de façon plausible ce qui s’était passé et de reconstituer au mieux les intentions du compositeur. Finalement j’ai essayé de faire l’édition que j’aurais voulu avoir, en ajoutant des doigtés grâce à l’aide de Penelope Roskell.

Plus récemment, j’ai travaillé avec la musicologue Florence Launay sur des éditions d’œuvres oubliées de compositrices, en commençant par les Preludes for Piano d’Armande de Polignac. Ces pièces subsistaient uniquement dans un seul exemplaire de la première édition, conservé par les descendants de la compositrice. Florence l’avait photocopié et des pianistes avaient enregistré ces pièces en utilisant des photocopies de cette photocopie. Maintenant que nous avons publié une édition corrigée avec la préface de Florence, j’espère que d’autres pianistes prendront plaisir à jouer ces Préludes.

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